Cyril Bondi

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Boxing Noise

Julie Semoroz — electronics
Emma Souharce — electronics
Erika Nieva da Cunha — coaching, boxing
Cyril Bondi — drums

Rare et unique projet_performance_concert mêlant boxeus.e.x.s, musicien.e.s, échauffements, sueurs, endurances, respirations, souffles, sparrings, combinaisons de gauches_droites_crochets_esquives_gardes diverses, punching ball, etc, etc…. BOXING NOISE nous plonge de manière scotchante et aimantante au sein d’une spirale sonico_physique au sens le plus intensément propre du terme. Deux électroniciennes (Julie Semoroz & Emma Souharce) en bizutages/parasitages/emplissages complets et fulgurants du spectre sonore et de l’espace, soutenues par la batterie_ossature_charpente essentielle et hallucinante/irrésistible de martèlements métronomiques du phénoménal de résistance (physique) Cyril Bondi. Des plages sonores diverses, structurées/découpées comme des rounds d’un match boxe (échauffement et décrassage/étirements inclus) sur lesquelles dansent, littéralement, des corps & gestes/gestuelles en boxing_action permanente. Mais une danse non chorégraphiée dans un carcan_partition strict. L’une des forces_majeures du projet réside, entres autres, dans cette impression d’assister à un véritable entraînement de boxe: les corps, gestes, respirations, rythmes, voix, essoufflements, fatigues… et transes des différent.e.x.s protagonist.e.x.s boxantes s’égrènent à leurs propres rythmes naturels, éminemment portés par cette musique quasi-salvatrice, une musique dépassant la simple « bande-son accompagnatrice d’un entraînement sportif » mais qui devient, au contraire une force-motrice essentielle autant pour les acteurs/trice.x.s boxantes que pour les spectateur/trice.x.s-auditeur/trice.x.s. et que pour le projet lui-même dans son ensemble/intégralité.

Se situant volontairement à l’opposé de la démonstration/représentation spectaculaire, BOXING NOISE réussit, au contraire, à se poser et nous plonger de manière quasi-étouffante dans les coulisses/ateliers d’une salle de sport_boxe, avec ses coach.e.x.s, ses amateur/trice.x.s, ses passioné.e.x.s, ses total_débutant.e.x.s, ses ferveurs, ses exclamations, ses encouragements, ses motivations, ses « putain c’est dur », ses dépassements physiques et mentaux insoupçonnés et, encore et toujours, ses sueurs.

J’ai eu la chance d’assister à trois représentations d’affilée de BOXING NOISE suite à la carte blanche donnée à Julie Semoroz par la cave12. Trois représentations montant fantastiquement en puissance. Une première représentation publique (mondiale, et oui, disons-le, ha ha) où le cadre, les éléments et les intentions furent données & posées, avec leurs inconnues encore internes et les réajustements nécessaires à faire. Normal, pour une première. Puis vint le miracle de la deuxième représentation, où après un certainement debriefing de fond, la magie fut totalement présente. Musique, son, boxe, sport, protagoniste.x.s ne formèrent plus qu’un tout homogène fabuleusement magistral. Chaque son, chaque geste, chaque mouvement, chaque déplacement avait son sens propre_à lui, intime dans le tout, un tout réussissant à transformer la cave12 en un ring_cave_suant_sonic_boxe général impressionnant, chavirant et… émouvant.

Puis, ce troisième soir, particulier, où, je m’étais inscrit en tant que boxeur totalement novice à participer à la perfomance de l’intérieur. (L’une des autres nombreuses forces du projet étant d’accepter en son sein des particpant.e.x.s boxeus.e.x.s totalement novice.x.s). Une décision naïve se transformant en trac et nervosité paroxysante/paralysante au vu de l’implication et débordement physique émanant des représentations précédentes. Angoisse de cracher mes poumons, de craquer, d’ »abandonner » au bout de 15 minutes, de m’effondrer de fatigue. Puis, cette magie, collective, ahurissante. Des coaches (Chanou & Erika) extraordinaires de mise en confiance et « d’accompagnements/motivations » tout le long de la performance. Puis l’état de trance/dépassement de soi, pur, au-delà du physique et du cérébral, arrivant très vite (au troisième « round » déjà pour moi). Et cette sensation, sur_puissante et fortissime d’être littéralement porté et soutenu par la musique et le son. Sans vraiment la discerner. Juste la ressentir. Dans les bras, les poings, les cuisses, les pieds, les mouvements, les droites_gauches_droites_crochets et ces danses en sparring. Une intensité dépassante extraordinaire. Où le cerveau-« refléchi » se met en pause et où toute objectivité fout le camp. Comme un putain de trip. Un trip boxe & sound. Un trip BOXING NOISE.

Je suis extrêmement reconnaissant à toute l’équipe de BOXING NOISE de m’avoir fait vivre une telle expérience. En la vivant moi-même de l’intérieur, j’ai puissamment ressenti la force et l’intention de leur projet. Un projet cassant de manière forte les clichés/à-priori sur la boxe et la notion de spectacle/spectaculaire. Un projet amenant la fournaise-moiteur d’une salle d »entraînement d’un sport ultra-physique dans une salle de concert. Un projet fort_percutant réussissant l’amalgame extrêmement difficile entre sport et musique_son sans rentrer dans la démonstration ou la bande-son/illustration bateau.

Un projet auquel je souhaite longue vie et que je recommande fortement comme suit: vivez le une première fois en tant que spectateur/trice.x et si vous pouvez, revivez-le juste après en tant que participante.x boxeuse.x.

BOXEZ, SONNEZ, DANSEZ & SUEZ LE BOXING_NOISE_YEAH!!!

FERNANDO SIXTO, programmateur à la Cave 12